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Le pénitencier de Téremba

12 Octobre 2010 , Rédigé par voyage sur les iles autour du monde en famille Publié dans #nouvelle calédonie

Dimanche matin, nous voilà repartis après une bonne nuit dans la ferme de Pierrat, nous allons direction Téremba visiter le pénitencier.

(VOIR LA VIDEO A LA FIN DE L'ARTICLE)

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Un Peu d'histoire

 

Française depuis 1853, la Nouvelle Calédonie devient officiellement une terre d’exil en 1863 pour de nombreux hommes qui se sont rendus coupables de délits ou de crimes de droit commun.

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De 1864 – 1931 LA TRANSPORTATION

C’est la loi, dite de la transportation, promulguée en 1854 par l’Empereur Napoléon III, qui décide de l’envoi des condamnés à la peine des Travaux forcés dans des bagnes situés outre mer. 22 000 bagnards ou « chapeaux de paille » sont ainsi envoyés en Nouvelle Calédonie entre 1864 et 1897 pour y purger leur peine, mais sans possibilité de retour pour la plupart d’entre eux. IMGP5606

 

Ils sont placés dans les différents pénitenciers de la colonie, comme ici à Téremba où 200 condamnés, logés dans des baraques en torchis à l’écart du Fort, travaillent chaque jour à la construction des bâtiments, des routes et des ponts.

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 Ces condamnés aux travaux forcés, envoyés à la « Nouvelle » l’année suivante, participèrent à l’édification du pays. Bien que soumis aux travaux les plus pénibles, ils peuvent bénéficier, s’ils font preuve d’une conduite exemplaire, d’une concession de terre. Ils ont ensuite la possibilité de faire venir leur famille ou de se marier à des femmes condamnées, d’où les nombreux descendants de bagnards dans la population  calédonienne.

 

Le premier pénitencier agricole qui les prépare à devenir colon-agriculteur est fondé à Bourail en 1867. Trois ans plus tard le site de Téremba semble réunir les conditions nécessaires à la création d’un second établissement.

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On m’appelle « Téremba » d’un petit ilot situé dans une baie, je suis destiné à devenir le chef-lieu du vaste territoire D’Uaraï qui comprend les vallées de La Foa, Pocquereux, Farino et Moindou. Les nombreux clans qui peuplent la région constituent une population dense, installée dans des villages et hameaux, s’étendant des contreforts de la chaîne jusqu’aux zones marécageuses du littoral. Le gouverneur Gaultier de la Richerie fait construire en 1871, près de l’embouchure de la rivière de La Foa, mes premiers bâtiments et les infrastructures nécessaires à la venue des colons d’origine pénale et des colons libres.

 

Le gouverneur m’a imaginé avec tous les équipements indispensables à l’établissement d’une véritable ville, on prévoit sur les plans l’emplacement de la douane de la gare de chemin de fer, de l’église, des écoles, des bâtiments administratifs, des promenades et des jardins, mais surtout l’ouverture me reliant de Bourail à Canala puis à Nouméa. Le gouverneur considère que le percement de ses voies et une priorité qui me donnera toutes les chances de devenir un rôle artisanales et agricoles.

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DE 1871 – 1878 : TEREMBA UN PORT

Je me suis établi sur un sol aride, entouré de marais, la culture de mes terres qualifiées d’ingrates est abandonnée vers 1873. L’administration pénitentiaire décide alors d’installer  le centre de colons d’origine pénale s’installent dans les basses vallées de Fonwhary et de La Foa (puis jusqu’aux collines reculées de Farino et de Tendéa après 1878) tandis que des déportés (de la commune de Paris) et des émigrants fondent Moindou.

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Trop éloigné des centres habités,  je ne deviendrai jamais la ville qu’avait imaginé mon fondateur. Au plus fort de sa population, on estime que Téremba réunit trois cents habitant en 1880. Je ne suis qu’un centre administratif offrant néanmoins de nombreux services : bibliothèque, église, école, magasins.

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DE 1878 – 1881 LA FORTIFICATION D’UN POSTE MILITAIRE

Lorsqu’éclate l’insurrection canaque, le 25 juin  1878, je me trouve au cœur de la révolte qui embrasse toute la région d’Uaraï. On compte de nombreux morts parmi les colons mais aussi du côté des Mélanésiens, victimes de la « Pacification ». Ce conflit a pour origine la délimitation des terres faites par l’administration, elles sont attribuées  au pénitencier agricole  de Fonwhrary au détriment dès clans en place.

 

L’insurrection entraine le renforcement des postes militaires de la colonie dont je fais partie. On me construit une nouvelle caserne (blockhaus) avec dépendances, une tour de guet et un mur  d’enceinte comprenant un chemin de ronde.

 

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DE 1882 – 1884 PALLU DE LA BARRIERE UN NOUVEL ESPOIR DE DEVELOPPEMENT

La paix revenue dans la région, le premier objectif du gouverneur Pallu de la Barrière est de peupler et de développer l’intérieur du pays, il est convaincu que des bagnards ne pourront se « régénérer » et «s’enraciner » qu’au contact des colons libres. Pour faire venir ces derniers, il appelle les bagnards à mettre toute leur force et toutes les ressources au service de la colonie en construisant des routes qui assureront la sécurité des populations et le développement des échanges, gages de prospérités. En contrepartie de leur travail et de leur conduite exemplaire. Il leur promet des concessions.

 

Les dépenses engagées pour la réalisation de ses routes sont à la mesure des travaux accomplis. Mais le gouverneur français les trouve inconsidérées et en fait le reproche au gouverneur qui demande alors sa mutation. Après le départ de Pallu de la Barrière l’espoir d’une réelle coexistence entre colons d’origine pénale et colons libres disparaît. Ceux-ci ne s’installeront que tardivement dans la région (notamment à Sarraméa), au début de ce siècle encouragés par la politique d’un autre gouverneur Paul Feillet.

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DE 1893 – 1909 L’ABONDON DE TEREMBA

La colonisation pénale est considérée à l’époque comme un échec au regard des moyens mis à la disposition de l’administration pénitentiaire. Les abondons de terre sont nombreux et les critiques de la population libre, comme de l’administration envers le pénitentiaire, conduisant le gouverneur Paul Feillet à demander la fermeture du bagne et l’arrêt des convois de transportés : l’année 1897 marque la date du dernier convoi de condamnés.

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Le pénitencier agricole de Fonwhary est fermé en 1893 pour servir d’internat aux filles des familles de transportés. Cette fermeture annonce celle du pénitencier de La Foa qui sera effective en 1908. Fortement endommagés par le cyclone en 1898, mes édifices tombent en ruines. Déclassé comme réserve pénitentiaire, je passe en 1909 dans le domaine privé.

 

En 1931, La Nouvelle Calédonie est officiellement désaffectée comme terre d’exil. Quant aux derniers bagnards, ils décèdent sur l’île au début des années 1940.

C’est en 1984 que l’association Marguerite décide de sauver l’oubli ce haut lieu de l’histoire Calédonienne. Elle obtient en 1989, sont rachat par la commune de Moindou et son classement comme Monument Historique.

 

Aujourd’hui le site, s’étend sur 11 hectares, conserve toujours de nombreux vestiges.

 

 

VOIR LA VIDEO

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K
<br /> <br /> Mince...<br /> <br /> <br /> J'en ai raté des articles depuis quelques jours.<br /> <br /> <br /> Je vais voir les autres.<br /> <br /> <br /> Biz<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> Eh oui j'ai bossé un peu<br /> <br /> <br /> <br />